L'adaptation du roman de Guy de Maupassant, portée par 9 comédiennes et comédiens. Une mise en scène dynamique où les personnages en costumes d’époque évoluent au milieu d’un univers industriel contemporain.
Critique de la pièce
Je n’avais jamais lu Bel Ami. J’avais envie de voir une pièce avec de nombreux comédiens sur scène. Aussi, mon choix, que je n’ai pas regretté, s’est porté sur la version d’Arnaud Gagnoud, à la fois adaptateur et interprète du rôle-titre.
Quand la pièce commence, les neuf comédiens de la troupe sont en ligne, au fond de la scène, puis ils avancent lentement jusqu’au devant de celle ci. Leurs costumes sont magnifiques, on voit que la production est soignée.
Puis, l’un des personnages, la domestique (Morgane Dubigny), commence à raconter l’histoire pour situer l’action.
Alors qu’il est à Paris, sans le sou, Georges Duroy (Arnaud Ganoud), retrouve Charles Forrestier (Jérôme Toucheboeuf) un ancien camarade de régiment, devenu rédacteur de « La vie française ». Georges porte un manteau de gueux en lambeaux. Ayant pitié de lui, Charles l’invite à une soirée qu’il donne chez lui. Il lui donne de quoi s’acheter un manteau, et lui promet de le faire engager comme journaliste.
Norbert de Varenne (Franck Regnier) poète raté, est aussi invité à cette soirée. Contrairement à lui, Georges, par la suite surnommé « bel ami », brille par les récits qu’il fait de l’Algérie qu’il connaît bien, pour y avoir été soldat pendant plusieurs années.
Clotilde de Marelle (Elise Dano), proche de Madeleine Forestier (Léonord Lançon) est sous le charme de cet homme séduisant et charismatique. Il faut dire que les regards appuyés, et les mots de Georges à son attention, ne peuvent pas laisser Clotilde indifférente.
M. Walter (Pierre Zaoui) directeur du journal « La vie française » lui propose d’écrire une chronique « Souvenir d’un chasseur d’Afrique ». Georges est aux anges. Cette soirée marque le début d’une ascension fulgurante. Pour rédiger son article, il a besoin de l’aide de Madeleine, qui va pratiquement lui en dicter le texte. Mais attention, prévient Madeleine, qui voit clair dans le jeu de Georges, « on n’est jamais amoureux de moi longtemps ».
En fond de scène, en haut à droite, s’affichent le numéro des étapes de l’ascension de Bel Ami, ainsi que le nombre de jours qu’il reste à s’écouler, pour passer à l’étape suivante.
La réussite de Bel Ami, a chaque nouvelle étape est soulignée par le port d’un vêtement ou accessoire supplémentaire : un gilet d’abord, puis un nœud papillon, enfin la Légion d’honneur ! Cette idée est ingénieuse, car elle fait briller Bel Ami davantage.
Rien ne l’arrête pour réussir toujours plus : détruire la carrière du ministre des affaires étrangères (Guillaume Sorel), faire de Mme Walter (Agnès Proust) sa maîtresse avant d’échafauder un plan diabolique pour épouser sa fille….
On se demande jusqu’où Bel Ami va aller, s’il y parviendra, ou si un événement va tout détruire de son arrivisme... Ceux qui ont lu le roman ont la réponse à cette question. Les autres le sauront en venant voir la pièce, à condition de réserver au plus vite, car le spectacle affiche complet pour de nombreuses représentations à venir, mais ce n’est que justice.
Arnaud Gagnoud a fait un travail d’adaptation brillant, sa mise en scène est excellente. Il est charismatique et séduisant, donc parfait dans le rôle, tout comme le sont les 8 autres comédiens et comédiennes qui l’entourent. On passe un moment délicieux durant le spectacle.
Il est très rare de voir au Off, une production avec autant de comédiens. Il faut saluer cela car, le Off a un coût exorbitant pour les compagnies, et la concurrence y est féroce (1 724 spectacles cette année). Alors ne passez pas à côté de cette version de Bel Ami, et rassurez-vous, si vous n’avez pas pu assister à une représentation, faute de place, il est fort à parier que le spectacle se jouera en 2025 ou 2026 dans votre région !
Régis Gayraud
À la fin des années 1880, dans un Paris en pleine révolution industrielle, le journalisme et la politique s’entremêlent. Georges Duroy, surnommé Bel-Ami, est un jeune homme très séduisant. Fils de paysans miséreux, en lutte pour s’extraire de la pauvreté, il sera utilisé par de nombreuses personnes, pour leurs propres intérêts. Quatre femmes de caractère le formeront et l’aideront dans sa conquête du pouvoir. Mais sur le chemin de son ascension sociale, le manipulé Georges Duroy devenu le manipulateur Bel-Ami, se montre capable de tout. Où s’arrêtera-t-il ?
Créatifs :
Texte : Guy de Maupassant
Adaptation : Arnaud Gagnoud
Mise en scène : Arnaud Gagnoud assisté de Rémi Palazy
Costumes : Marie Bess
Vidéo : Johanna Boyer-Dilolo
Scénographie : Bastien Forestier et Arnaud Gagnoud
Composition: Rémi Palazy
Création lumière : Charlie Henry
Producteur : En Scène ! Productions et DLF-Die Liebende Familie.
Victor Bourigault ou Guillaume Sorel, Elise Dano, Morgane Drubigny, Arnaud Gagnoud, Leonor Lançon, Agnès Proust, Franck Regnier, Jérôme Toucheboeuf , Pierre Zaoui.
Guillaume Sorel, Agnès Proust, Pierre Zaoui, Morgane Drubigny, Arnaud Gagnoud, Elise Dano, Jérôme Toucheboeuf , Leonor Lançon, Franck Regnier
Photo : Régis Gayraud (2025)
“Bel ami” est co-produit par En Scène ! Productions et DLF-Die Liebende Familie.
Lieu : Espace Roseau Teinturiers - 45, rue des Teinturiers 84000 Avignon.
Réservations : |