11 avril 2011 |
|
Visite des
coulisses de "wicked"
au Det Ny Teater de Copenhague,
|
Depuis le 12 janvier, les danois ont la chance de voir une version différence et qui n’a, croyez moi, rien à envier de la version originale.
Pour avoir vu le spectacle, visité le théâtre et rencontré une partie de l'équipe, je ne peux que saluer la qualité de la production, le professionnalisme de chacun et la beauté du bâtiment lui même.
Le Det Ny Teater de Copenhague est le premier théâtre à avoir obtenu les droits de produire "Wicked "avec sa propre mise en scène. Cependant compte tenu du succès de son précédent spectacle Mary Poppins repris entre septembre et décembre, c’est d’abord la Finlande qui a proposé au public "Wicked" dans une mise en scène qui n’était pas la réplique de la version de Broadway. Le Det Ny Teater a l’habitude de proposer ses propres mises en scène pour de nombreuses productions aux succès internationaux comme The Sound of Music, Marry Poppins, ou les Misérables. Cependant pour The Phantom of the Opera ou Cats, le théâtre n’a pas été autorisé à faire de même.il a dû reproduire la production originale.
|
|
Le théâtre est un petit bijou
Le théâtre est d'une grande beauté. Il est illuminé par des dizaines de lustres dont le splendide lustre de l'escalier menant à la salle, et le magnifique lustre qui se trouve dans la salle. Quand Cameron Mackintosh et Andrew Lloyd Webber sont venus pour voir "The Phantom Of The Opera", ils ont trouvé que la salle était magnifique, et rappelait l'opéra de Paris
Des dizaines de lustres éclairent le théâtre |
|
Un superbe lustre accueille les spectateurs qui accèdent à la salle |
Un magnifique lustre surplombe la salle |
Quand on entre dans la salle, il n'y a pas de dragon au dessus de la scène. Cependant, comme on peut le voir ci-dessous, les éléments de décor ne manque pas. Un peu partout, il y a des écrans LCD.
Le décor dans la salle : le rideau de fer a été décoré pour ressembler à une gigantesque porte de hangar |
Le même rideau de fer... vu de la scène |
L’ouverture débute avec la projection du logo "Wicked" sur le rideau de fer (rideau de sécurité permettant une isolation de la salle, en cas d'incendie).
Tandis que la musique se poursuit, le rideau se lève laissant place à une scène vide d’où vont monter des écrans LCD qui monteront un homme en train de travailler l’acier. Cet homme est en train de créer l’univers de Wicked. Pour la petite histoire c’est le régisseur Martin Høier qui a été filmé alors qu’il travaillait sur les décors.
Puis les écrans se rabaissent et on découvre, comme sortie de nulle part, la troupe des Ozians derrières les écrans. Ils entament alors la première chanson "Alle Hader Ondskab" ("No one mourns the wicked").
En fait, c’est grâce une trappe située juste derrière les
écrans que les Ozians ont pu arriver sur la scène une fois les écrans en place.
Compte tenue de la largeur des robes des femmes, les hommes arrivent par le fond
de la scène pour se joindre au groupe. L'effet est des plus réussi : déjà la
magie opère !
Les 16 écrans LCD de face (vus du côté scène)... |
...et de dos (depuis les coulisses) |
Les écrans en train de descendre |
Les Ozian, hommes et femmes, ont des traits noirs sur le côté des yeux et portent des bottes. Ceci surprend au début, mais en fait quand on sait que Paul Farnsworth a eu l’idée a été de faire référence à une ambiance Punk, tout s’éclaire.
Puis apparaît Glinda. Ici pas de bulles mais un cercle avec d’autres cercles qui symbolisent les bulles.
Si le théâtre a obtenu les droits pour produire à sa manière Wicked, il devait respecter certains éléments du script. Le cercle dans lequel Glinda arrive et les bulles en sont un exemple.
Cependant ces éléments "obligatoires" pouvaient être présentés d’une manière différente.
Pour valider sa production, le Det Ny Theater a envoyé des maquettes et des dessins aux créatifs de Broadway, qui ont accepté la mise scène du théâtre.
|
Glinda arrive dans un cercle dans lequel d'autres cercles symbolisant des bulles sont représentés. |
Lors de l'arrivée de Glinda, on ne voit pas - comme ici - le fond de la scène, avec un orchestre sur une plateforme motorisée. |
L’équipe a mis environ 6 mois pour créer tous les décors.
Tout est fabriqué et créé par les membres du théâtre.
Ainsi Martin Høier, régisseur général, a notamment construit le vélo qui amène Fiyero sur scène (en seulement 10 jours). Tout est fait avec une précision et minutie dont le spectateur ne peut apprécier tous les détails.
Le souci du détail : le vélo comporte les armoiries de Fiyero (impossible à voir de la salle) |
Le vélo qui sera utilisé pour amener Fiyero sur scène : cet élément du spectacle reste visible moins d'une minute, mais on pourrait le regarder pendant des heures pour en découvrir de nouveaux éléments ! |
Autres petits "bijoux" fabriqués pour la production de Copenhague
Le fauteuil de Nessarose : créé à partir d'un ancien fauteuil auquel on a ajouté des roues. |
Le grimoire (livre de sorcellerie) que va utiliser Elphaba. |
À l'intérieur, toujours dans le souci du respect du détail, un papier épais comme exhumé des temps immémoriaux, et un texte en latin avec une écriture spéculaire (i.e. de droite à gauche) comme écrivait Léonard de Vinci. |
En réalité, il existe deux grimoires : celui qui sera manipulé pendant tout le spectacle et celui utilisé par Elphaba pour "Intet Godt Kan Man Gøre" ("No good Deed")
Celui utilisé pendant cette chanson - s'il ressemble extérieurement à
l'autre - va être télécommandé pour éclairer le visage d'Elphaba quand
elle l'aura posé sur la scène.
|
Ci-dessus, le grimoire en train d'être rechargé avant la représentation. On peut voir la lampe sur la page de droite en haut. |
Pendant tout le spectacle, des éléments de décor vont arriver soit des cintres (espace au dessus de la scène), soit des dessous (de la scène).
Pour contrôler la bonne marche du spectacle, avant chaque représentation, il y a ce qu'on appelle le "preset", c'est le moment pendant lequel on va actionner toutes les trappes, tous les décors pour vérifier que tout fonctionne bien.
S'il y a deux représentations dans la journée, il y aura deux presets.
Pendant le spectacle le régisseur général va lancer les actions en fonction de "cue" (indication de lancement concernant la lumière, une trappe à ouvrir, un décor a amener sur scène.....)
Il contrôle lui même la monté ou descente des trappes et écrans vidéo.
Pour suivre le spectacle, il a la partition devant lui.
La partition du musical, sur laquelle figurent les cues |
Martin Høier, régisseur générale lancera toutes les actions, en suivant les indications inscrites sur la partition. Ceci, tout en veillant à la sécurité des artistes sur scène, ou dans les coulisses. |
De l'autre côté de la scène, sont contrôlées les
descentes et montées d'éléments depuis les cintres. Des écrans de contrôle permettent d'avoir une vision depuis la scène et depuis la salle, afin de protéger les comédiens lors de la descente (généralement rapide) des décors.
C'est cet écran qui contrôle la montée et la descente des décors depuis les cintres |
Les écrans de contrôle... |
...et les moteurs (très puissants et bruyants) sous la scène, permettent de monter et descendre les décors |
La sécurité est omniprésente : sous la scène, à côté de la motorisation hydraulique des écrans, se trouve l'espace ou va descendre une partie de la scène pour amener soit des éléments de décor, soit des artistes (comme lors de l'ouverture).
Pour éviter un accident, des détecteurs ont été placés aux limites de l'endroit où descendra une partie de la scène afin que si un comédien s'approche trop et dépasse la bande jaune et noire, le mécanisme de descente soit immédiatement stoppé.
La motorisation hydraulique permettant de faire monter les écrans. |
L'espace sécurisé où une partie de scène descendra. La ligne noire et jaune de doit pas être dépassée. |
Des détecteurs (entourés en pointillés sur la photo) arrêtent, si besoin, le mouvement de l'élément en action. |
Ce sont parfois des accessoires qui sont remontés des dessous grâce à ce procédé. Ainsi, pour "Dans Gennem Livet" ("Dancing Through Life"), une table ornée de magnifiques coupes et bougeoirs va agrémenter la scène.
|
Si les écrans de contrôle permettent d'assurer la sécurité, d'autres écrans, placés sur les côtés de la scène ou dans la salle, face à la scène, permettent aux chanteurs de suivre les indication du chef d'orchestre.
Quelque soit l'emplacement de l'orchestre, il est impossible de voir de partout le chef d'orchestre (sans parler des productions où la fosse a été recouverte, ou déplacée).
|
Les petits écrans à droite et à gauche permet de suivre les indications du chef d'orchestre |
Une idée des plus originale, et tout à fait cohérente (pour "Dancing Through Life") a été trouvée dans la production du Det Ny Teater : l'orchestre est sur la scène, sur une plateforme mobile.
On le voit pour la première fois lorsqu'Elphaba chante "Min Troldmand Og Jeg" ("The Wizard And I"). L'orchestre apparaît au moment où elle chante "And I'll stand there with the Wizard..." ce qui est parfait. La musique atteignant son point culminant, le fait de faire apparaître l'orchestre est un effet des plus réussis. Pour "Dans Gennem Livet" ("Dancing Through Life"), non seulement l'orchestre apparaît, mais la plateforme où il se trouve avance sur le devant de la scène pour former avec les autres éléments un demi cercle. Un autre demi cercle est formé dans au dessus des spectateurs, ainsi un cercle se forme à se moment là. Quoi de plus naturel que d'avoir un orchestre lors d'une soirée ?
La scène vue depuis l'orchestre. |
La plateforme occupée par l'orchestre. |
L'orchestre est composé de nombreux musiciens dans un espace assez réduit
Ci-dessus, l'espace du percussionniste avec un nombre impressionnant d'instruments | |
Mais la disposition originale de l'orchestre permet d'effectuer d'autres effets !
Sous la plateforme de l'orchestre, un plateau motorisé permet, lui aussi, de transporter des décors sur le devant de la scène.
Ainsi, par
exemple la chambre que se partage Glinda et Elphaba sera rapidement au
premier plan du plateau. |
Dans ce spectacle, tout doit aller très vite, de ce fait, les costumes, perruques et accessoires sont entreposés dans les coulisses pour être accessibles rapidement. |
Une autre originalité de la mise en scène réside dans l'utilisation d'écrans vidéo. Au total, il y en a 60, répartis dans la salle et sur la scène.
Ceci permet soit de projeter des images fixes, soit des vidéos préenregistrées qui vont parfois être suivies d’images filmées en directe. Ainsi pour Her er Skønt ("One Short Day"), au départ les écrans diffuseront une lumière verte, puis on verra arriver les personnages de Wizomania en vidéo, enfin, la scène sera filmée en direct depuis la scène par un des protagonistes, et projetée sur les écrans. Parfois la vidéo autorise des gros plans qui permettent de mieux apprécier le jeu des personnages. Ainsi quand Elphaba retrouve Dr Dillamond qui n’arrive plus à parler, on voit en gros plan son visage sur lequel on peut lire sa détresse. A un autre moment c’est Madame Moribble qui viendra en gros plan pour lancer la chasse à la sorcière.
Accessoire utilisé lors de la chasse à la sorcière
A la fin,
de la chanson Jeg Har Forandret Mig ("Because I have you"), la
vidéo va permettre de remontrer à travers des flashbacks les différents
moments vécus entre Elphaba et Glinda. |
Un des 60 écrans de la production, celui-ci (en phase de test) est sur la scène |
Pour terminer cet article, je dirais qu'ayant vu la version originale de Wicked, et la version de Copenhague, je ne peux dire si je préfère l'une ou l'autre. J'avoue avoir aimé les deux. Cependant les artistes danois sont brillants et j'avoue avoir apprécié le fait que toute l'équipe puisse s'impliquer dans la création de la production. Tous ceux qui travaillent au Det Ny Teatre participent à la création de la production, et sont encore plus impliqués. Je leur loue toute mon admiration (surtout quand je vois tous les détails sur lesquels ils ont travaillé).
Je tiens à remercier chaleureusement Birgit Larsen pour avoir pu arranger cette visite passionnante, et Martin Høier qui m'a fait découvrir les coulisses de cette formidable production que je ne peux que vous conseiller d'aller voir.
Régis Gayraud.
© Photos : Régis Gayraud / Musicals in Europe - Texte : Régis Gayraud / Musicals in Europe