Critique du spectacle :
Un homme arrive sur scène totalement angoissé, il cherche son fils. Il porte une perruque violette, et des vêtements de femme. Aussi, lorsqu’il s’adresse au public en décrivant son fils et en concluant, mon fils est comme moi… normal quoi ! Évidemment ça fait rire. On apprend très vite pourquoi il est vêtu de la sorte.
C’est tout l’art de l’écriture de cette pièce. Malgré la situation dramatique : la disparition d’un enfant, il y a de temps en temps des moments très drôles, voire hilarants (le choix de la salade au supermarché est particulièrement savoureux).
Le fils de cet homme passe sa vie sur les réseaux sociaux : il a 345 amis sur Facebook. Le père en déduit qu’il doit bien y avoir quelqu’un dans la salle qui connaît son fils. Ce dernier passe son temps à envoyer ses sms avec « ses pouces qui galopent pour envoyer du vide ».
Mais il n’y a pas que les sms. Il y a aussi skype que le fils utilise pour parler avec sa copine au lieu d’aller la voir, et puis il y a les jeux en ligne. Lui interdire, ça l’aurait marginalisé. Et puis en même temps c’est pratique, il ne traîne pas les rues…
Le comédien Fabrice Gaillard interprétant le père, et jouant aussi ponctuellement son fils, est excellent. Je l’avais vu dans un autre rôle difficile (« Orphelins »), il y a deux ans. Et, j’avais salué à l’époque son talent.
Dans « screen », le comédien prend le public à témoin sur ce que vit ce père. Il pose parfois des questions aux spectateurs dans sa quête pour essayer de comprendre son fils. En fonction de leurs réponses, le comédien modifiera quelque peu son texte.
La pièce est bien construite, on comprend progressivement le cheminement de la réflexion du père, et le déroulement des évènements qui ont abouti à la disparition du garçon. L’interprétation du comédien est pour beaucoup dans la qualité de la pièce.
« Screen » est incontestablement une pièce à ne pas rater durant le festival. Son horaire matinal (10h25) permet d’une part de bien commencer la journée, et d’autre part de pouvoir enchaîner d’autres pièces après celle-ci.
Régis Gayraud
Fabrice Gaillard Photos : Benoît Poix |
Résumé (programme du Off) :
Depuis trois jours Robin Reynart est sans nouvelles de son fils. Ce père en quête de réponses et d’empathie s’interroge sur l’altercation qui a provoqué le départ du jeune homme.
Il évoque sa relation à un fils de plus en plus étranger, à un ado qui, entre addiction et détachement, se construit dans des relations virtuelles. Pourtant ce père, entre tablette et oreillette, ne trouve comme remède à sa propre solitude que la présence virtuelle de ses milliers d’amis chinois…
Screens brosse un tableau à la fois pathétique et burlesque de notre rapport à l’autre dans un quotidien envahi par les écrans.
Créatifs :
Texte : Sarah Carré
Mise en scène : Stéphane Boucherie
Distribution
:
Fabrice Gaillard.
“Screens” est produit par Ia Compagnie L'Embellie.
Présence Pasteur - 13 rue Pont Trouca - 84000 Avignon.
Réservations :
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