Seize ans après sa première présentation en France, “Cats” est de retour à Paris, mais dans une nouvelle version qui déçoit quelque peu.
Après la classique ouverture et ses effets visuels, les premières lignes mélodiques de 4 puis 5 notes sont espacées d’un temps anormalement long. Ceci semble interminable.
Enfin, le spectacle commence avec la troupe, presque au complet, sur la scène.
Étrangement, alors que la scène du théâtre est grande, le classique décor de “Cats” représentant un vaste capharnaüm, semble empiéter sur l’espace dont les comédiens disposent pour danser. Cela réduit les élancés chorégraphiques habituelles. D’ailleurs, lors du bal des Jellicles, la chorégraphie de Mogador ne donne pas l’énergie visuelle attendue pour ce grand moment. De plus, elle semble par trop très répétitive.
Ceci dit, les comédiens sont excellents en danse comme en chant. Il faut d’ailleurs saluer l’excellence de Cédric Chupin. Il possède une maîtrise de la danse, une voix puissante et une diction parfaite. Ce n’est malheureusement pas le cas de l’interprète du Rum Tum Tigger dont on ne comprend pas un traitre mot de ce qu’il dit lorsqu’il interprète la chanson portant son nom dans une nouvelle orchestration rap. A ce propos, alors qu’on s’attendait à ce que toute la chanson soit dans ce style, ce ne sont que les paroles du Rum Tum Tigger qui le sont ! Le résultat n’est pas une réussite, on a l’impression que des rythmes et des sons de “Starlight Express” sont malencontreusement tombés dans “Cats” !
Dans le même genre « d’actualisation orchestrale », la nouvelle mélodie qui accompagne “In una tepida notte” ne permet plus les envolées vocales de la version initiale qui faisaient vibrer le spectateur. L’émotion manque à cette version. Même quand Grizabella interprète sa chanson, on ne ressent pas grand-chose. Il faut dire qu’un maquillage marquant davantage son visage, et une démarche moins assurée donneraient plus de sensibilité et de crédibilité au personnage. Une sensibilité qu’on ne relève pas non plus dans l’interprétation de “Memory” tristement rebaptisée « Ma vie » pour la production de Mogador.
Et oui, une fois encore, alors qu’il existait une adaptation excellente qui rendait hommage au texte de T. S. Elliot, c’est une nouvelle adaptation bien terne, et parfois sans rapport avec le sens du texte original qui est donnée sur la scène parisienne. Vanityfair.fr nous éclaire sur ce point : on peut y lire que les auteurs ont cherché à s’« approcher au plus près de certaines sonorités ». Le résultat obtenu est bien triste, ainsi un chat est rebaptisé « un vieux chat pouffi ». Ce n’est franchement pas très heureux ! Dans la première adaptation signée, Jacques Marchais en 1989, le nom donné à ce chat était Amélie Ronron… c’est autre chose quand même ! Pour l’arrivée du patriarche le refrain devient « je n’y crois pas, j’ai dû faire un somme, mes yeux n’y voient plus très clair, pourtant je le sens je n’ai pas perdu l’esprit le vieux Deutérome est bien là c’est bien lui » remplaçant la version de 1986 « mais enfin, quoi c’est merveilleux ! un chat qui serait aussi vieux. Bien que ma mémoire me pose des problèmes, je n’en connais qu’un c’est Mathusalem ». Il y a un manque de passion pour nos petits félins dans ce qui est écrit, je n’ai pas retrouvé l’émotion perçue il y a 16 ans...
Officiellement le spectacle ne sera donné que pour 90 représentations, cependant sur le site de la FNAC ou pour les CE, les réservations vont bien au-delà… alors souhaitons aux comédiens que la production de “Cats” ne finira pas comme celle du “Bal des Vampires” avec seulement 4 représentations par semaine.
Régis Gayraud
Vidéo du spectacle (nouvelle version de Londres)
Créatifs :
Texte : Thomas Stearns Eliot
Adaptation française (2015) : Nicolas Nebot et Ludovic-Alexandre Vidal
Musique : Andrew Lloyd Webber
Mise en scène : Trevor Nunn
Chorégraphie : Gillian Lynne
Décors : John Napier
Lumières : David Hersey
Prisca Demarez (Grizabella), Golan Yosef (Rum Tum Tugger), Pierre-Yves Duchesne (Old Deuteronomy), Cédric Chupin (Munkustrap), Nicolas Turconi (Macavity), Stoyan Zmarzlik (Mungojerrie), Sylvain Mathis (Skimbleshank), Grégory Gonel (Alonzo), Wim Van Den Driessche (Bustopher Jones), Lucas Radziejwski (Coricopat), Yoan Grojean (Bill Bailey), William Da Dilva Pedro (Mistoffelees, Pouncival), Axel Alvarez (Mistoffelees), Rachael Ward (Bombalurina), Oonagh Jacobs (Jemima), Emmanuelle Guélin (Victoria), Vanessa Cailhol (Rumpleteazer), Emmanuelle N’Zuzi (Demeter), Léonie Thoms (Jellylorum), Katharina Lochman (Jennyanydots, Gumbie), Alexandra Girard (Tantomile) et Fédérica Capra (Cassandra). Ainsi que Fabrice Todaro, Pascale Bruderer, Virginie Perrier, Allessandro Ripamonti, Charlyne Ribul Conte, Denis Ayzin et Els Smekens
“Cats” est produit à Paris par Stage Entertainment en collaboration avec The Really Useful Group.
Lieu
:Théâtre Mogador, 25 rue de Mogador, 75009 Paris Du 1er octobre 2015 au 10 janvier 2016. Le site de la FNAC indique toujours à ce jour, qu'il y aura des représentations jusqu'au 5 juillet 2016. Jours et heures : du mardi au samedi 20h00. Prix des places : 25 à 85€ (du mardi au jeudi), 29 à 99€ (vendredi et en matinée), 29 à 105€ (samedi soir).
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