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"Dorian Gray " au Vingtième ThéâtreThéâtre musical D’après le roman d’OSCAR WILDE « Le Portrait de Dorian Gray » |
Après avoir été présenté au festival Off d'Avignon en avant-première, "Dorian Gray" est maintenant joué à Paris au Vingtième Théâtre.
Ce spectacle permet aux spectateurs de découvrir pour la première fois sur scène, l’adaptation théâtrale et musicale de la version non censurée et annotée, du célèbre roman d’Oscar Wilde « le Portrait de Dorian Gray »
Sur la scène du Vingtième Théâtre, 5 comédiens interprètent ce spectacle qui reprend le texte d'Oscar Wilde, en y ajoutant des scènes chantées.
La musique (interprétée et composée par Stefan Corbin) vient colorer une bonne partie des passages non chantés, sans empêcher d'entendre clairement le texte.
Comme les toiles de maître prennent de la valeur en vieillissant, "Dorian Gray" s’est bonifié avec le temps (entre ses débuts en Avignon et son arrivée à Paris).
L’ouverture ("Les âmes noires de Londres") ne figurait pas en Avignon. Elle nous plonge d’entrée dans l’ambiance du spectacle : atmosphère sombre, fumigènes, personnages se croisant en reprenant comme un écho les paroles chantées par Stefan Corbin qui montre ici ses talents de compositeurs.
Puis la lumière arrive ainsi que les premiers protagonistes.
Lord Henry (Laurent Maurel), avec ses répliques cinglantes et violentes qui paradoxalement font rire le public, semble encore plus cruel et méprisant qu’en Avignon… mais, en même temps, on en redemande. À se demander, s’il n’arrive pas à nous corrompre, tout comme il le fait avec Dorian Gray !? Il est vrai que le texte de Wilde est bien écrit, certes, mais ce n’est pas parce qu’un texte est bon qu’il est bien interprété. Laurent Maurel sait lui donner vie, à travers ses intonations et les expressions de son visage.
Basil (Gilles Nicoleau), seul être sincère qui reste conscient du bien et du mal, malgré « ses traits vigoureux et rudes, et sa stature imposante », est touchant lorsque l’on voit son désarroi quand il réalise à quel point Dorian est en train de sombrer.
Même si on a vu le spectacle en Avignon, on revoit avec bonheur, certains passages inénarrables, notamment, celui où Sybil Vane interprète un extrait de "Roméo et Juliette". Cette scène d'une grande drôlerie va être suivie d'une autre dans laquelle Dorian Gray (Grégory Benchenafi, au visage d'ange, parfait dans le rôle) va faire preuve de la plus grande ignominie. La pauvre Sybil (brillamment interprétée par Caroline Devismes) ne s'en relèvera pas.
Cette scène se termine par le duo entre Sybil et Dorian " ne m’abandonne pas / tu as détruit mon amour" qui est certainement un des moments les plus forts au niveau émotionnel entre deux chanteurs (et comédiens). Les paroles de ce duo particulièrement dramatique, sont signées par Michèle Bourdet et Thomas Le Douarec.
Le spectacle sait alterner scènes fortes et scènes plus légères. Ainsi, la mort de Sybil sera rapidement "oubliée" lorsque Lord Henry entonnera une chanson enjouée, lui permettant de dire à quel point "Les femmes sont insignifiantes" (inutile de préciser que les paroles en sont particulièrement piquantes).
Une conclusion s'impose : l'interprétation des comédiens est très bonne, leur jeu parfaitement maîtrisé.
Les nombreux costumes sont réellement somptueux.
Le spectacle bénéficie des infrastructures du Vingtième théâtre (un nombre impressionnant de projecteurs dont plusieurs motorisés, fumigènes etc..) qui permettent des effets très réussis.
Même si le public parisien a été moins expansif qu'en Avignon lors de la Générale de Presse, vous l’aurez compris, il y a toutes les raisons d’aller voir "Dorian Gray" au Vingtième théâtre, un des évènements phare de la rentrée.
Tout d’abord ceux qui aiment le théâtre non chanté seront comblés par le texte d’un grand auteur, parfaitement ciselé et interprété. Ensuite, pour ceux qui aiment les spectacles musicaux, ils en trouveront ici un de grande qualité.
Enfin, pour ceux qui ont eu la chance de voir la version d’Avignon, ce sera l’occasion de redécouvrir un spectacle déjà parfait, devenu impeccable, avec des nouvelles scènes, notamment un "vieillissement à vue". On connaissait les changements à vue (i.e. quand les décors changent devant les spectateurs), Thomas Le Douarec a imaginé de montrer au public comment la magie du théâtre peut accélérer les effets du temps sur les comédiens, en l’occurrence Basil et Lord Henry, tandis que Dorian Gray continue à dilapider son âme en toute impunité, tout en restant éternellement jeune.
Régis Gayraud
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Livret et mise en scène : Thomas le Douarec
Musique originale et direction musicale : Stefan Corbin
Paroles : Michèle Bourdet et Thomas le Douarec
Décors et costumes : Fréderic Pineau
Chorégraphe et assistante à la mise en scène : Sophie Tellier
Création lumière et régie générale : Stéphane Balny
Dorian Gray : Grégory Benchenafi
Basil Hallward, le peintre: Gilles Nicoleau
Harry, Lord Henry Wotton: Laurent Maurel
Sybil Vane, la prostituée, la Duchesse Caroline Devismes
James Vane, frère de Sybil : Stefan Corbin
Pianiste : Stefan Corbin
Grégory Benchenafi |
Gilles Nicoleau |
Laurent Maurel |
Caroline Devismes |
Stefan Corbin |
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Interview de Grégory Benchenafi
Informations pratiques sur le spectacle à Paris :
Lieu : Vingtième Théâtre - 7 rue des Plâtrières - 75020 Paris (M° Ménilmontant)
Horaires : du mercredi au samedi à 21h30, le dimanche à 17h30 (du 27 août au 30 octobre) Durée du spectacle : 1h40
Tarifs : 24 €, 12 € (étudiants) - Tarif senior et
habitants du XXème arrondissement : 19€ Réservations : 01 43 66 01 13 du lundi au samedi de 14h à 18h. Réseau France Billet: Fnac, Théâtre onLine, ... |
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© Texte : Régis Gayraud / Musicals in Europe